Article publié sur le site lemoniteur.fr – Publié le 23 août 2024.
Erreurs de calcul, méthodologie incomplète, incohérences… l’analyse des diagnostics de performance énergétique, à l’aune de l’indicateur «Confort d’été», révèle les nombreuses limites de l’outil.
Trois ans après la création de l’indicateur « confort d’été » dans les Diagnostics de performance énergétique (DPE), Ignes, l’alliance des industriels qui proposent des solutions électriques et numériques pour le bâtiment, a demandé au cabinet Pouget Consultants de l’analyser ainsi que ses composantes. Les résultats sont éloquents. Non seulement l’étude montre que seul un logement sur dix est suffisamment adapté aux fortes chaleurs, mais elle révèle aussi d’importantes erreurs et une méthodologie incomplète.
Cinq paramètres pris en compte
Comment est établi l’indicateur « confort d’été » ? Il évalue l’adaptation d’un logement sur une échelle de trois niveaux représentés par un smiley : bon, moyen ou insuffisant, en fonction de cinq paramètres : la présence suffisante de protections solaires extérieures, l’isolation de la toiture pour les logements au dernier étage et les maisons, l’inertie du logement, son caractère traversant et l’équipement en brasseur d’air.
D’importantes erreurs dans le calcul de l’indicateur
Premier constat : l’analyse des DPE fait apparaître que 21 % des logements sont classés comme bons, 43 % en moyen et 35,5 % en insuffisant. Toutefois, l’étude approfondie de ces résultats montre que des logements pourtant insuffisamment équipés de protections solaires ou sans toiture isolées, bien que situés au dernier étage, sont notés « bon » ou « moyen ». Selon les règles de calcul, ils devraient systématiquement être classés en insuffisants.
Autre incohérence, les ingénieurs de Pougets Consultants ont constaté des écarts entre l’évaluation de l’isolation en confort d’été et celle du confort d’hiver. Une isolation peut être considérée comme insuffisante en hiver et satisfaisante en été, et vice et versa. De même, les indicateurs sont parfois calculés sur la base de DPE immeubles ou de DPE appartements générés à partir de DPE immeuble, alors que cela ne devrait pas être le cas. Ainsi, 26 % des indicateurs sont erronés.
Un nouveau calcul de l’indicateur fait apparaitre que 11 % des logements ayant fait l’objet d’un DPE présentent un indicateur de confort d’été réellement « bon », 42 % « moyen » et près de 47 % « insuffisant ».
Manque de protections solaires extérieures
L’analyse des critères permet d’établir que l’insuffisance des protections solaires extérieures sur les baies orientées sud, est et ouest concerne près d’un logement sur deux. Seulement 5 % des logements sont équipés de brasseurs d’air. Une bonne nouvelle tout de même, la majorité des maisons présentent une toiture isolée (84 %) et un caractère traversant (81 %).
Par ailleurs, l’analyse montre qu’une bonne performance énergétique au sens du DPE ne garantit pas nécessairement un bon confort d’été. Ainsi, 31 % des logements classés A sont jugés insuffisants sur le confort d’été. Une proportion qui s’explique majoritairement par le manque de protections solaires extérieures (94 %). Et seulement 10 % des logements classés A atteignent le niveau « Bon » en cas de fortes chaleurs.
La localisation n’est pas prise en compte
Alors que les zones rurales présentent un habitat dispersé et des espaces végétalisés, les logements avec un indicateur « insuffisant » sont surreprésentés alors qu’ils sont moins à risque de surchauffe. Au contraire, les grands centres urbains exposés aux effets d’ilot de chaleur concentrent moins de logements inadaptés au sens de l’indicateur du DPE.
Et donc, dans la même logique, une analyse en fonction des zones climatiques montre que les zones les moins exposées à la chaleur concentrent un nombre important de logements insuffisamment adaptés que les zones les plus à risque. Si ce résultat est cohérent, il montre que l’indicateur ne prend pas en compte le besoin plus important d’adapter les logements dans les zones les plus exposées.
Devant ces résultats, Anne-Sophie Perrissin Faber, déléguée générale d’Ignès rappelle que « l’adaptation massive des logements commence par une information permettant à tout un chacun de comprendre la qualité de son logement au regard du confort d’été. L’indicateur « confort d’été » pourrait constituer cet outil emblématique grand public. Nous appelons les pouvoirs publics à réunir au plus vite les professionnels du secteur pour travailler à son amélioration. »
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