Article publié sur le site presse-citron.net – Publié le 23 août 2024 et écrit par Robin Sabbadini.

La canicule qui a frappé l’Hexagone cet été a mis en lumière une triste réalité : la grande majorité des logements français ne sont pas adaptés aux fortes chaleurs.

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La France sue à grosses gouttes, et ce n’est pas près de s’arrêter. Alors que les vagues de chaleur se multiplient, une question brûlante se pose : nos logements sont-ils prêts à affronter cette nouvelle réalité climatique ? La réponse est sans appel : non, et c’est même pire que ce qu’on imaginait.

Un parc immobilier en surchauffe

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Imaginez-vous dans votre appartement, en plein mois d’août. Les stores sont baissés, mais la chaleur s’infiltre partout. Vous rêvez d’un peu de fraîcheur, mais votre logement se transforme en four. Ce scénario cauchemardesque, c’est le quotidien de millions de Français.
Une étude menée par Pouget Consultants pour IGNES vient de mettre des chiffres sur ce malaise ambiant. Le verdict est implacable : 9 logements sur 10 en France sont mal équipés pour faire face aux températures extrêmes. Autrement dit, quand le mercure s’affole, la quasi-totalité des Français se retrouve à suffoquer entre quatre murs.

L’enquête s’est penchée sur près de 5 millions de diagnostics de performance énergétique (DPE) réalisés depuis 2021. Ces fameux DPE, censés évaluer l’efficacité énergétique des logements, intègrent désormais un critère de “confort d’été”. Et les résultats font froid dans le dos : seulement 1 logement sur 10 obtient la mention “bon” dans ce domaine.

Mais que faut-il pour qu’un logement soit considéré comme adapté à la chaleur ? L’étude prend en compte cinq critères : l’isolation de la toiture, la présence de protections solaires extérieures, l’inertie du bâtiment, sa capacité à être traversant et l’installation de brasseurs d’air fixes. Des solutions simples en apparence, mais qui font cruellement défaut dans la majorité des habitations.

Des surprises et des paradoxes

On pourrait penser que les logements récents ou fraîchement rénovés s’en sortent mieux. Erreur ! L’étude révèle que même les bâtiments les plus performants sur le plan énergétique global (notés A dans le DPE) peuvent être de vraies fournaises l’été. En effet, 31% d’entre eux sont jugés “insuffisants” en matière de confort estival. La raison principale ? L’absence de protections solaires extérieures efficaces.

Autre paradoxe : les zones rurales, qu’on imagine plus fraîches, abritent une proportion plus importante de logements mal adaptés à la chaleur que les zones urbaines. Cette anomalie s’explique par la méthodologie du DPE, qui ne prend pas en compte l’environnement immédiat du bâtiment. Un biais qui interroge sur la pertinence de cet indicateur.

Les maisons individuelles ne sont pas épargnées non plus. Elles sont même plus nombreuses que les appartements à obtenir la mention “insuffisant”. La faute, notamment, à une mauvaise isolation des toitures, un critère qui pénalise davantage les habitations individuelles.

Mais pourquoi aussi peu de logements sont adaptés aux fortes chaleurs ?

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Comment en est-on arrivé là ? Pendant des décennies, la priorité a été donnée à l’isolation thermique pour l’hiver, négligeant le confort d’été. Résultat : des logements qui se transforment en véritables bouilloires dès que le soleil tape fort.

L’urgence est désormais à l’action. Il faut repenser notre façon de concevoir et de rénover les logements. L’installation de protections solaires efficaces, l’amélioration de la ventilation naturelle et la généralisation des brasseurs d’air sont autant de pistes à explorer. Sans oublier la végétalisation des espaces urbains, qui peut contribuer à réduire les effets d’îlots de chaleur.

Mais le chemin est encore long. L’adaptation de millions de logements nécessitera des investissements colossaux et une prise de conscience collective. Car au-delà du simple confort, c’est bien de santé publique dont il est question. Les épisodes caniculaires sont de plus en plus fréquents et intenses, mettant en danger les populations les plus vulnérables.

  • 9 logements sur 10 en France sont mal adaptés aux fortes chaleurs selon une étude récente
  • Même les logements neufs ou récemment rénovés peuvent être de vraies fournaises l’été
  • Des solutions existent (protections solaires, ventilation, végétalisation) mais nécessitent des investissements importants et une prise de conscience collective